Chic, élégant, décontracté, original, parfois choquant, le vêtement a toujours tenu une place prépondérante dans le monde du travail.
Si le fait de se vêtir est avant tout une question de survie et de confort, c’est également une norme sociale fortement ancrée dans les mentalités.
Un style vestimentaire peut en dire long sur la situation sociale, le caractère, les goûts, la religion ou encore les habitudes d’une personne.
Dans certaines professions, les vêtements sont imposés par souci d’hygiène et de sécurité ou simplement par tradition. On pense ainsi à la blouse du médecin ou encore à la robe de l’avocat.
En dehors de ces quelques cas bien spécifiques, il n’existe pas de règles écrites et explicites relatives au code vestimentaire à adopter sur le lieu de travail.
Pourtant, sans qu’on en ait conscience, le choix de ses vêtements est omniprésent dans le monde professionnel. La preuve: “qu’est ce que je vais bien pouvoir me mettre?” est très certainement la première question à laquelle pense la personne s’apprêtant à passer un entretien.
Il ne viendrait pas à l’esprit de venir à un entretien habillé en punk ou en bermuda. Et pourquoi donc? Après tout, le but d’un entretien n’est-il pas de mieux connaître son potentiel futur collaborateur? Pourquoi donc venir “déguisé” pour ressembler à tout le monde? Plusieurs raisons à cela.
Pour commencer, on ne connait quasiment rien de la personne qui va nous faire passer l’entretien. On ne peut donc pas savoir ce que cette personne aime dans la vie ou ce qu’elle déteste.
Il est donc conseillé de s’habiller de manière neutre afin de mettre toutes ses chances de son côté. En effet, que se passerait-il si un recruteur “allergique” à la musique country avait en face de lui un candidat apprêté de son plus beau pantalon à franges et de son chapeau de cowboy?
La discrimination à l’embauche est l’un des problèmes les plus récurrents et importants du monde professionnel à l’heure actuelle. Si les vêtements ne font pas partie des critères prohibés de la discrimination, ils peuvent malheureusement donner certains indices quant à l’appartenance d’une personne à un groupe discriminé.
Le choix d’une tenue appropriée lors d’un entretien s’explique également par l’envie de convaincre le recruteur de son professionnalisme. Costard-cravate et tailleur étant de rigueur dans le monde occidental, il est assez courant d’opter pour ce genre de tenue plutôt que des vêtements de tous les jours. En effet, bien que l’habit ne fasse pas le moine, l’apparence compte dans le monde professionnel.
Mais la question du code vestimentaire ne se pose pas qu’au moment de l’entretien. En effet, bien que très souvent, aucune règle ne soit explicitement écrite, on attend des salariés qu’ils fassent un effort, quite à se “déguiser” pour certains.
Certains n’apprécient pas cette idée considérant que le choix de sa tenue relève de la liberté individuelle et fait partie intégrante de la personnalité. Malheureusement, c’est aussi l’image de l’employeur qui est en jeu.
Bien sur, la contrainte du choix vestimentaire dépend des entreprises et peut varier au sein d’une même entreprise. Un service dans lequel les salariés seront confrontés à la clientèle par exemple ne subira pas les même contraintes que d’autres types de service. Il en relève de la crédibilité et de la confiance que leur accordent les clients.
Le débat quant à cette liberté de choisir sa tenue n’a jamais cessé et continue de préoccuper les personnes en tant que travailleurs.
Depuis quelques années, on a pu constater une certaine “relâche” à ce niveau notamment avec l’apparition du fameux Casual Friday. Cette pratique est apparue dans les années 90 dans les entreprises californiennes et s’est depuis propagée dans de nombreux pays et notamment en Europe.
Selon cette pratique, les salariés d’une entreprise ont le droit de s’habiller de manière décontractée le vendredi. Si elle est maintenant très répandue dans le monde professionnel, cette coutume fait également beaucoup débat.
Du côté des “pour”, le Casual Friday permet de lutter contre le sentiment de hiérarchie et de distance. Les salariés se voient “sous leur vrai jour” et se sentent probablement plus enclins à échanger et apprendre à se connaître. En ces temps de stress et de mal être au travail, la moindre idée permettant de créer du lien social est bonne à prendre.
De plus, à travers cette journée particulière, les salariés peuvent montrer leur vraie personnalité et s’affirmer dans cet environnement qu’ils connaissent si bien puisqu’ils y passent le plus clair de leur temps durant la semaine. C’est une manière de montrer ce qu’on est vraiment, ce qu’on aime, ce qu’on déteste et la vie au travail peut de ce point de vue, prendre un nouveau sens.
Du côté des “contre”, certains pensent (ou ont pu constater) que le relâchement vestimentaire impliquait parfois un relâchement plus général. Cela s’explique aussi sans doute par le fait que cette pratique ait lieu le vendredi annonçant ainsi l’arrivée du week-end et donc de la détente.
De plus, comme nous l’avons dit, le vêtement en dit beaucoup sur l’histoire de l’individu et sur sa situation sociale. Cela peut donc créer de nouvelles tensions ou discriminations qui n’auraient jamais existé avec le costume cravate ou le tailleur. C’est d’ailleurs la principale motivation des écoles conservant l’uniforme pour les élèves. Cela évite notamment de créer de la jalousie ou du mépris.
Bien qu’anodine en apparence, la question du choix vestimentaire sur le lieu de travail recouvre donc de nombreux enjeux beaucoup plus importants que le simple fait de savoir si les pois sont plus à la mode que les rayures.
Mylene Grellier